Cactus volcanique

Basile, le poète, les accueille à bras ouverts. Il n’est pas seul. Son ami Sitacor l’accompagne. Ils dégustent au coin du feu de braises une nouvelle variété locale de xyl. On distille à peu près tout à Peau-Lisse. Ça donne de curieux breuvages ! Celui-ci a l’air fameux et leurs hôtes un peu éméchés.

— On t’attendait, petit terrien !, s’esclaffe Sitacor. Tu es le sage entre les sages, l’abstracteur de quintessence !

— Il est malade ? s’informe Benali.

— Mais non, il rigole, le rassure Basile. Pourtant, il dit vrai, nous t’attendions, ô sage entre les sages !

— Vous vous fichez de moi, c’est certain.

Basile et Sitacor se tordent de rire, Yrgrave ne demande qu’à les suivre. Il se sert une bonne rasade de cette nouvelle décoction. Et, pour ne pas être en reste, il déclame:

— Bois, ô le moins nul d’entre nous !, ce qui fait littéralement rouler par terre les deux autres.

— J’avais oublié que vous étiez tous un ramassis de cinglés, marmonne Benali, tout en se servant un verre. Faites attention, les sages, ta sandale crame, Basile, et ta bosse devient violette, Sitacor.

— Quand la bosse est violette, son porteur est pompette, chantonne Basile.

Et les trois ixiens, de rire, à gorge déployée !

— On ne va rien tirer au clair ce soir, c’est évident, ronchonne Benali, maussade.

— Ne fais pas cette tête, petit terrien. Tu possèdes la clef d’un mystère, ô bienheureux mortel ! Fais durer le plaisir, prolonge l’extase nocturne, et dévoile nous la vérité dans la splendide clarté du matin !

— Tu deviens poète, Sitacor, mauvais, mais poète, assure Basile.

— Vous êtes tous fondus, mais je vous aime bien, s’adoucit Benali. Servez-moi encore de votre petit tord-boyaux, c’est à base de quoi, cette fois-ci ?

— De cactus volcanique, genre oponce, c’est formidable, tu ne trouves pas ? .