L’eau tonne

Ce soir les Crapaudes chantent à tue-tête, sans répit, enchaînant l’une après l’autre toutes les pièces de leur répertoire. La planète est littéralement submergée par ce concert assourdissant. Les nuages en rangs serrés opposent la plus farouche des résistances et noircissent le ciel. Accablants. Écrasants. Forteresse impénétrable. Mais les Gardiennes de l’équilibre rallient leurs forces et leurs voix puissantes montent à l’assaut de la muraille. L’air vibre de défi. L’attaque vocale, concertée, imparable, enfle démesurément, il en jaillit des gerbes de notes qui foisonnent, des stridences qui déchirent la nuit, des feux d’artifice sonores, le chant atteint son paroxysme... Le barrage croule ! Dans un fracas sensationnel, les nuages s’épanchent sur le monde. Ils déversent des trombes d’eau chaude. C’est le déluge. Le ciel zébré d’éclairs. La chanson d’Eau-Tonne a libéré la lune de la Grande Marée, celle qui vient, gorgée d’eau pure, abreuver la planète.



FIN